Afficher ou imprimer une belle écriture scolaire avec un ordinateur a toujours été une demande forte des enseignants. L’offre est diverse mais de qualité variable. Voici des propositions, non exhaustives, mais sélectionnés pour des usages réalistes en classe.

Les polices cursives proposées sur Eduscol

Mal connues des enseignants, deux polices de caractères sont proposées depuis 2012 sur le site pédagogique du ministère de l’Education Nationale comme modèles d’écriture scolaire. Publiées sous licence « Creative Commons – BY – ND », elles sont donc, et resteront, utilisables gratuitement.

Un livret d’informations d’une cinquantaine de pages accompagne les fichiers.

Deux modèles sont proposés, avec leurs variantes, dont à chaque fois une version lignée, c’est-à-dire permettant d’imprimer ou d’afficher le texte avec des lignes de repérage. Ces polices sont intégrées par défaut lors de l’installation du logiciel TNI OpenBoard pour une utilisation immédiate au tableau.

Il faut noter que les réglures intégrées ne correspondent pas complètement au modèle traditionnel Seyès, mais restent efficaces avec celui-ci. Il faudrait plutôt questionner ces réglures créées par un papetier en 1892, à une époque où la plume était l’outil. En outre, sa taille (8 mm) ne permet aucun usage efficace en mathématiques où des confusions entre le centimètre et le carreau sont courantes.

majuscules A, A orné, B, B orné

La « norme » française ?

La tradition scolaire française utilise un modèle cursif, à l’opposé du modèle « script » d’autres pays. Historiquement, le modèle traditionnel est inspiré des écritures rondes et de l’anglaise (ou copperplate), étant déjà une adaptation du modèle rond des pays comme la France et l’Italie. Conçue pour la plume, elle a perdu de son élégance avec la généralisation du stylo-bille où les pleins et déliés ont disparus. À l’origine, elle était fortement penchée à droite, mais les modèles ont été redressés par les instituteurs au fil des années.
Cette inclinaison participe à la rapidité du geste. Toutefois, ce modèle est problématique pour les gauchers, qui doivent incliner leur feuille pour dégager la main afin de visualiser leurs écrits (en tant que gaucher, qui a failli être obligé de changer de main sous la pression de l’école, j’en ai fait l’amère expérience en grande section).

En outre, la complexité des majuscules, qui sera souvent abandonné pour des lettres plus simplifiées par les scripteurs au cours de leur scolarité dans le secondaire, questionne l’intérêt de leur apprentissage, en dehors des aspects purement esthétiques. Certaines majuscules perdent en lisibilité et engendrent de la confusion entre elles, même si elles sont parfaitement réalisées, ce qui est rarement le cas sans modèle (sans parler des obstacles supplémentaires pour les élèves « dys »).

L’apport des modèles A et B est de rechercher une plus grande facilité ergonomique, tout en proposant des majuscules plus lisibles et faciles à tracer. En outre, les majuscules peuvent porter des accents, ce qui correspond aux normes orthographiques de typographie. Une variante « orné » propose des majuscules plus élégantes.

Une plume fossile numérique ?

Une police a été très utilisée par des enseignants (PlumBAE). Elle respecte les anciens modèles, pour les traditionalistes, mais en respectant les normes manuscrites de forme, de taille et de lignage, elle brise celles des traitements de texte, car l’emprise en haut et en bas est assez mal supporté par nos outils de bureautique : les parties basses et hautes peuvent disparaître à cause de l’interlignage non standard. Même en augmentant celui-ci, des problèmes subsistent sur la première ligne (cf. copie d’écran ci-dessous). Il faut utiliser une interligne de 1,15 au moins et laisser une ligne vide au-dessus pour garantir une impression sans défaut.

Elle utilise des pleins et déliés non reproductibles avec un stylo-bille. Il n’y a pas de version avec lignes. Les majuscules accentuées sont disponibles mais débordent sur la ligne au-dessus.

Exemple de police PlumeBAE dans un traitement de texte avec interligne simple

Enfin, si on observe cette police affichée en grande taille, on voit apparaître des irrégularités nombreuses.

Si vous souhaitez conserver ce type de modèle, je vous recommande plutôt la police « Belle Allure », décrite au paragraphe suivant.

Une « Belle Allure »

Proposé gratuitement aux enseignants par un concepteur de fontes, Jean Boyault, la police « Belle Allure » a de nombreux avantages, par rapport à toutes les autres polices scolaire, dont la résolution est maintenant faible comparée aux productions récentes, et bien adaptée aux logiciels actuels.

exemple dans LibreOffice

Outre la qualité du graphisme, elle utilise une fonctionnalité avancée du format OpenType : en utilisant quelques caractères spécifiques, on peut ajouter des réglures aisément.

Alors que les écritures A et B évoquées en début d’article, ont une version spécifique lignée, « Belle Allure » obtient le même effet de manière élégante.
Ainsi, en ajoutant par exemple deux virgules devant une phrase, vous obtiendrez en supplément une impression de style Seyès.

Copie écran documentation site Jean Boyault

Le cadeau bonus, c’est un ensemble téléchargeable de modèles de fichiers de traitement de textes, aux divers formats scolaires les plus utilisés de papeterie.

En outre, une version plus « graphique » nommé Gaston y est disponible en démo. Pour accéder à toutes les variantes, il faudra payer l’excellent travail fourni en achetant les polices en ligne.



Lire l’article « Écriture cursive ou écriture scripte, telle est la question ! » de Michèle Villegas-Kerlinger, qui discute des avantages et inconvénients comparés cursive/scripte.

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